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« Aucun système politique ne peut être réellement efficace sans une fonction publique robuste et cohérente. » Prof. Olukoshi

Nairobi
Kenya
13 mai, 2019

Le Professeur Adebayo Olukoshi, Directeur régional pour l’Afrique et l’Asie occidentale de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (IDEA international) a exhorté les pays africains à doter leur fonction publique d’instruments administratifs efficaces, faute de quoi il n’y aura pas de progrès dans la mise en œuvre des politiques.

S'exprimant en marge du 6e Sommet des think tanks africains, tenu à Nairobi du 24 au 26 avril, Prof. Olukoshi a déclaré : « Les pays qui ne disposent pas d'une fonction publique efficace ne doivent pas espérer progresser dans la mise en œuvre de leurs politiques. » « Malheureusement, la fonction publique en Afrique a généralement été une institution très décriée et a également été étriquée au fil des ans au point où le système des motivations n’encourage pas les plus brillants esprits de notre continent à envisager une carrière dans la fonction publique. La rémunération est médiocre, les avantages sociaux sont médiocres, l'institution a été tellement politisée que le mérite est facultatif », a-t-il souligné.

« Même pour ce qui est de la prise de décision, le rôle de la fonction publique a été sérieusement réduit du fait que des pôles de prise de décision extra-civils avaient été établis de sorte que l'élaboration des politiques sur le continent n’est plus un processus coordonné et cohérent, dans lequel une politique est intégrée et liée à une autre de manière globale, mais est devenue complètement fragmenté », a-t-il déclaré.

« Nous avons donc des pôles de prise de décision fragmentés qui ne communiquent pas entre eux. Je pense que c'est quelque chose que nous devons vraiment aborder. Je pourrais passer pour un fanatique sur ce sujet en disant qu'un pays qui n'a pas de fonction publique cohérente et professionnelle ne peut pas espérer obtenir un changement de développement transformateur. Et dans l’axe de cette affirmation, on peut commencer à parler des questions de constitutionnalisation et des règles associées au fonctionnement efficace des institutions. »

Pour lui, et c’est le consensus général du 6e Sommet des think tanks africains, l’un des plus grands défis de l’Afrique est le déficit de mise en œuvre. « Le problème n’est pas tant l’absence de politiques, car l’Afrique ne fonctionne pas dans un vide politique, qu’un manque de mise en œuvre cohérente et rigoureuse de ces politiques afin d’obtenir les résultats souhaités », a déclaré Prof. Olukoshi.

« Sur base de ce consensus général, de nombreux observateurs considèrent que deux problèmes se posent : pour certains observateurs, c'est une question de capacités, pour d'autres c'est une question de volonté politique, pour d'autres encore, il s'agit toutefois d'un roulement rapide d'initiatives politiques : avant qu’une politique soit digérée, une autre est sur la table; avant que celle-ci s'installe, une autre a été produite. Ceci correspond à une tendance qui suggère que l’on porte une plus grande attention ce qui est à la mode, et pas tellement à ce qui est nécessaire et aux préoccupations prioritaires. »

Il reconnaît que toutes les observations contiennent des éléments de vérité. « Mais elles ne donnent pas l’image complète », a-t-il expliqué. « Parce qu’à mon avis, on ne peut pas donner l’image complète si nous ne revenons pas sur la politique même de l’infrastructure et sur l’état de cette infrastructure sur notre continent. Et ici, trois ou quatre choses se distinguent particulièrement. Premièrement, il n’existe aucun système politique efficace, quelle que soit la volonté politique, quel que soit l'investissement que vous faites dans les capacités, s'il n'y a pas de fonction publique robuste et cohérente comme incarnation de la politique, de la planification, de la vision de la politique et de la mise en œuvre de la politique. Le deuxième élément est ce que je qualifie de situation malheureuse dans laquelle, à compter de l'indépendance, mais encore plus depuis les années 1980, les décisions politiques clés de notre développement sont effectivement prises en dehors du continent. C'est presque comme si une division du travail avait été établie dans laquelle nos politiciens prennent les décisions concernant le pouvoir et la politique chez eux, ce dont ils sont pratiquement responsables. Mais s’agissant des décisions relatives à la politique sociale et à l’économie, du cadre de dépenses à moyen terme, etc., vous constaterez qu'en réalité, nous avons cédé ces leviers politiques essentiels à des institutions telles que celles de Bretton Woods et à une foule d'autres, à un point tel que certaines de ces institutions de nos soi-disant partenaires au développement s’arrogent le droit de prendre des décisions pour nous. Et dans le processus, la conséquence est qu'il n'y a pas d'ancrage local des politiques. Ces politiques reflètent davantage les préférences des partenaires que les nôtres, ce qui entraîne un manque d’appropriation locale des politiques. Et nous vivons un cercle vicieux dans lequel, lorsque ces politiques inspirées de l'extérieur ne parviennent pas à gagner du terrain ou à changer la donne, de nouvelles propositions politiques sont inventées, et il y a une pression permanente pour inventer de nouvelles idées politiques qui engendrent également un autre cercle vicieux. Ainsi, une certaine année nous préparons des documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté, l’année précédente c’était l’Initiative PPTE, peu de temps après c’est la poursuite des OMD, et ainsi de suite. À la fin, nous ne faisons pas vraiment ce qui nous semble important pour nous. Par exemple, devons-nous élaborer des documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté ou devons-nous réellement investir cet argent, le nôtre et celui qui nous est donné par nos partenaires, créer des jeunes entrepreneurs et donner aux jeunes gradués qui veulent faire des investissements commerciaux des prêts à taux réduit qui leur permettront de se lancer en affaires sans le fardeau de trouver des garanties que les banques leur demanderaient? On peut penser à une foule d'idées sur ce que l’on peut faire pour lutter contre la pauvreté sans passer nécessairement par les obstacles imposés aux pays africains par des partenaires extérieurs. »

Prof. Olukoshi a ensuite abordé le troisième élément de son argument, lequel était très étroitement lié au deuxième ci-dessus. « J'appelle cela l'absence de convergence de vues entre une communauté de producteurs de connaissances et une communauté de responsables de la mise en œuvre des politiques sur notre continent », a-t-il déclaré. « Il est plus facile pour nos ministres des Finances de saisir les idées de la Banque mondiale et de les appliquer chez eux que de prendre des idées, par exemple, du département d'économie d'une université d'État. Dans certains cas, il existe même une totale hostilité entre les deux communautés. Ainsi, ceux d'entre nous qui travaillent dans le domaine des politiques en tant que producteurs de connaissances se retrouvent dans une situation où nous critiquons constamment nos gouvernements pour leurs mauvaises politiques, et les gouvernements sont constamment sur la défensive, affirmant que ces politiques proviennent d'experts et que, par définition, les experts ne peuvent pas être trouvés localement, ils sont internationaux et externes. C’est quelque chose que nous devons changer et cela commence dans nos mentalités. C'est une question d'attitude. C'est un problème de mentalité. Nous devons nous débarrasser de nos aigreurs et commencer à être plus efficaces pour dire à ceux qui veulent s'associer à nous que nous agirons uniquement sur base des priorités que nous voulons mettre en œuvre. Ils ne doivent pas venir nous dire quelles sont leurs priorités pour nous et que nous devons les mettre en œuvre pour obtenir de l'argent d’eux. »

Prof. Olukoshi a déclaré que quelques pays africains tels que le Rwanda et l’Éthiopie avaient été capables de le faire efficacement. « Ils ont défini ce qu'ils veulent. Ainsi, l'élaboration des politiques cesse d'être un exercice de gestion permanente de crise et devient plutôt un exercice de projection audacieuse d'un avenir ambitieux fondé sur une vision nationale. Et nous devons être ambitieux nous-mêmes. Nous ne pouvons pas passer 50 ans d’indépendance à essayer de faire de petites choses telles que la gestion de la réduction de la pauvreté. Non, ce n’est pas ambitieux ! Nos dirigeants doivent pouvoir dire qu’ils veulent créer, par exemple, un groupe d’un million de citoyens de la classe moyenne d’ici 2022. Ils devraient dire : ‘Mon mandat prendra fin en 2022 et d'ici là, je veux au moins un demi-million de citoyens dans cette tranche de revenus. Voilà les politiques que je dois mettre en œuvre pour y arriver et les avantages que je vais obtenir par la création d’un pôle de consommation intérieure qui sera construit à partir d’usines produisant localement. Ce sera bénéfique pour les services de recettes, car je ferai en sorte que plus de personnes soient dans les tranches d'imposition les plus élevées. Cela va autogénérer des recettes.’ Mais au lieu de cela, nos meilleurs cerveaux s’attellent maintenant à faire de petites choses, presque comme Sa Majesté des mouches, à faire de menues choses qui ne changent pas la donne au bout du compte. Mais nos gouvernements veulent convaincre les partenaires au développement qu’ils luttent contre la pauvreté. Mais les activités des gouvernements ne sont pas à ce niveau et l'opus des politiques ne se situe pas non plus à ce niveau. »

Pour Prof. Olukoshi, nous verrons le bout du tunnel lorsque l’Afrique deviendra capable de renverser la donne actuelle.

 

 

 

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